Module de survie pour un avenir incertain | Daniel Corbeil
Date
Vernissage : 5 à 7 vendredi le 22 septembre
Spécial bières et saucisses
avec halte-garderie
Module de survie pour un avenir incertain est une installation architecturale offrant une expérience ludique de ce que pourrait être un habitat écologique zoomorphe, modulaire et autonome sur le plan énergétique. Ce module est construit dans l’esprit des earthships, ces « géonefs » qui reposent sur l’idée du recyclage et de l’autosuffisance. L’installation est une projection fictive d’une microhabitation pouvant produire de la nourriture, de l’eau filtrée et du gaz comme combustibles pour les besoins domestiques.
C’est avec le regard d’un sculpteur que Daniel Corbeil s’intéresse depuis le début de sa recherche artistique à la notion de paysage. À partir d’objets usuels trouvés ou fabriqués, il façonne des maquettes, des paysages à échelle réduite ou des appareillages de laboratoire qui imaginent des scénarios d’intégration de la présence humaine dans la nature. Faites de bric et de broc, ces maquettes de grand format et autres dispositifs jouent sur des effets de perspective de manière à rendre poreuses les frontières entre le réel et la fiction. Depuis quelques années, Corbeil élabore des installations où l’architecture devient le cadre qui circonscrit et concentre les attributs du paysage. Ses oeuvres abordent de plus en plus les conséquences des changements climatiques sur l’environnement et l’avenir de notre civilisation.
S’inspirant des projections futuristes des années 1960-70, tels les biodômes de Buckminster Fuller, les cités autosuffisantes de Paolo Soleri ou encore les mégastructures mouvantes de Ron Herron, qui envisagent la cité comme une arche de Noé, Daniel Corbeil développe dans ce nouveau projet un module écologique de survie d’apparence zoomorphe.
Cette installation crée une projection temporelle dans le lieu d’exposition en faisant dialoguer ensemble une architecture futuriste avec certaines utopies « vertes ». Chaque présentation d’exposition est unique, puisque le projet est aussi un laboratoire de recherche évolutif. Le module d’habitations permettra au visiteur, une fois à l’intérieur, de côtoyer divers systèmes autonomes de production alimentaire : culture hydroponique et autres appareillages techniques fonctionnels ou simulés. La fiction du projet va jusqu’à suggérer : « Le module écologique : une garantie de sécurité alimentaire pour faire face à un avenir chaotique ». Tel pourrait être le slogan publicitaire de ce module si on voulait le commercialiser dans un futur – pas si lointain – où les ressources alimentaires de proximité seront à privilégier. Face à un avenir incertain, dont l’appréhension s’exprime déjà largement et particulièrement dans les médias et sur Internet, l’artiste propose une solution ludique sous la forme d’un module de survie permettant d’indépendance énergétique et alimentaire. Ce faisant, il interroge les utopies architecturales « vertes », en imaginant les conditions rendant possible une agriculture « urbaine » de proximité. Il reviendra au visiteur de déterminer le caractère utopique ou dystopique de cette écofiction.
Évoquant, par sa forme irrégulière, un cocon ovoïde dans lequel les gens pourront circuler, l’installation suggère une habitation en processus de développement, plutôt qu’une structure achevée et définitive. Les deux tiers de l’habitat seront couverts de parois translucides, alors que le dernier tiers, inachevé, laissera apparente la structure d’assemblage comme s’il était encore en état d’imagination du processus de construction. Un ou deux sas d’entrée situés aux extrémités permettront aux visiteurs de circuler à l’intérieur du module dont une partie est formée d’une serre munie d’appareillages réels ou fictifs (touchant la production d’algues pour le biocarburant, la culture hydroponique de végétaux, etc.), ainsi qu’un espace d’atelier – celui de l’artiste lui-même – dans lequel diverses maquettes d’habitations futuristes sur lesquelles il a travaillé seront présentées afin d’offrir au public une expérience « immersive » de l’intérieur de cet habitacle qui se veut un lieu de vie et de création.
Sculpteur et photographe, Daniel Corbeil est né à Val-d’Or, en Abitibi. S’il vit et travaille à Montréal depuis plusieurs années, le fait d’avoir grandi dans un environnement industriel minier a grandement façonné son imaginaire et l’a engagé dans une réflexion artistique sur la représentation de paysages inventés où se fait sentir la présence humaine de manière souvent problématique. Préoccupé par les conséquences des perturbations environnementales causées par l’industrialisation et l’urbanisation, l’artiste réalise des installations, des photographies et des dispositifs de maquettes qui exploitent l’idée du simulacre technique comme moyen ludique d’appréhender et de questionner le réel.
Qu’il s’agisse d’engins volants zoomorphes, de vues aériennes fictives, de laboratoires visant à reproduire les effets du réchauffement climatique ou de maquettes architecturales proposant une réponse utopique aux bouleversements environnementaux, le travail de Daniel Corbeil interroge à la fois notre perception du monde et notre possibilité de transformer celui-ci.