Véronique Doucet - Artiste

D'inspiration écoféministe, la pratique artistique de Véronique Doucet révèle les rapports de force qui façonnent les corps et les territoires. L'artiste s'appuie notamment sur le concept de corps-territoire pour mettre en rapport les violences de genre et la domination de la nature par l'homme. Elle explore des processus de création marqués par la lenteur, l'écoute et l'empathie. La méditation est pour elle un mode de présence qui affranchit sa création de la pensée rationnelle. Sa pratique s'inscrit ainsi dans une remise en question des cadres théoriques justifiant l'asservissement de la nature par l'homme. Au dualisme entre nature et culture, l'artiste oppose une vision fondée sur l'interrelation des êtres vivants.

Véronique Doucet associe écofacts et artéfacts dans des créations qui condensent les défis de cohabitation entre humains et non-humains. Son geste artistique est porté par un désir de transformation : l'artiste incorpore des résidus à ses créations dans l'intention de décontaminer symboliquement une nature souillée. En transformant des déchets en oeuvres d'art, elle renverse aussi le processus de création de la valeur marchande. Sa réflexion s'étend à la valeur même de la vie : au fil de son processus de création, elle glane des corps d'animaux morts qu'elle fait naturaliser et qu'elle intègre à ses tableaux et à ses installations.

Mue par l'énergie de l'indignation, l'artiste crée en réponse à des enjeux collectifs, qu'ils soient politiques, sociaux ou environnementaux. Ses oeuvres exacerbent les paradoxes pour inviter à l'action. Elles dénoncent autant qu'elles éduquent et réparent. Ses performances rendent perceptibles différents types de violence pour les transmuter, dans des actes qui s'apparentent à des rituels. Chaque création se donne ainsi la guérison pour horizon.

Cette publication est co-éditée par le Musée d’art de Rouyn-Noranda et le Centre SAGAMIE, recherche et création.
Textes de :  Hélène Bacquet, Sylvie Tourangeau, Maia Morel et Jean-Jacques Lachapelle