Il faut le dire : my strongest desire – Marc-Olivier Hamelin
Date
Samedi 20 juillet 2024 à 15 h : entretien avec Marc-Olivier Hamelin et Jean-Benoit Labrecque, animé par Jean-Jacques Lachapelle
Résidence de création : du 15 au 20 juillet 2024
Il faut le dire : my strongest desire est le titre de la nouvelle performance de Marc-Olivier Hamelin. Depuis plusieurs années, Marc-Olivier s’intéresse à l’épidémie de sida. Il explore les mécanismes de survie qui se sont mis en place, ainsi que la façon dont le traumatisme a été traduit dans les milieux artistiques. Aussi tente-t-il, à travers une série de résidences de création, dont celle au Musée d’art de Rouyn-Noranda, une reconstruction de l’œuvre Untitled (Go-Go Dancing Platform). Créée Felix Gonzalez-Torres, artiste new-yorkais d’origine cubaine qui a vécu la crise du sida de plein fouet, cette œuvre reste profondément marquante. Comme cette œuvre met en jeu la danse, Marc-Olivier a fait appel au chorégraphe et danseur Jean-Benoit Labrecque afin de réfléchir au mouvement à insuffler à cette performance en devenir. Au terme de la semaine de résidence de création, la population est conviée à un entretien convivial avec Marc-Olivier et Jean-Benoit à propos de ce travail en chantier.
« Cette nouvelle œuvre fait suite au projet d’installation et de performance Il faut le dire : Perfect Lovers est aujourd’hui un espace fictionnel (2023) qui a été initié et créé lors de résidences à Homesession (Barcelone), AXENÉO7(Gatineau) et Est-Nord-Est (Saint-Jean-Port-Joli), puis diffusé en 2023 à L’Écart (Rouyn-Noranda). S’approchant de la recherche documentaire et identitaire, cette œuvre tentait de mettre en parallèle la vie d’artistes visuels – principalement new-yorkais et représentatifs de la crise du sida de la fin du XXe siècle – avec la mienne et celles de mes contemporain-e-s. J’ai cherché à me positionner en tant qu’homme gai séronégatif, par rapport à cette mémoire collective et à ce traumatisme non-intergénérationnel que je n’ai pas connu. À partir des espaces entre la vie intime et artistique, j’ai canalisé la voix de ces artistes et celles de personnes rencontrées lors des différentes résidences afin d’offrir un espace d’exposition et de performance inclusif, où l’apprentissage et la transmission de récits prédominent.
Il faut le dire : my strongest desire alliera la danse et l’installation au geste performatif. Générée à partir d’indicateurs de performance, la narration sera construite, entre autres, à partir de récits audio, de lectures et d’improvisations textuelles en direct. Elle intégrera également la réactualisation de l’œuvre “Untitled” (Go-Go Dancing Platform) (1991) de l’artiste Felix Gonzalez-Torres.
L’espace de la performance présentera plusieurs photographies d’individus issus de la communauté queer, des éléments rappelant l’espace domestique, ainsi qu’un plancher de danse orange. Par la manipulation de l’espace, de la voix, de la lumière et du corps, je cherche à activer la mémoire collective et le queer kinship. Depuis 2022, j’ai travaillé et créé à partir de thématiques reliées à la mort, à la maladie, à l’oppression et à la violence. La mémoire queer a longtemps été manipulée et détournée – et elle l’est encore. Cependant, elle a été conservée et entretenue par le désir, l’activisme, la rencontre, la solidarité, la danse, la musique pop, la sexualité, l’amitié et l’amour. Ces procédés sont des mécanismes positifs mis en place par la communauté LGBTQ2S+, qui permettent de survivre et de continuer à avancer. Ils orientent la création de ma nouvelle performance.
L’œuvre est constituée d’un socle d’environ 6 x 6 pieds, qui forme une scène comprenant des ampoules allumées. Lorsque l’œuvre est présentée dans un musée, le socle est généralement vide, tandis que les lumières restent allumées en permanence. De manière aléatoire, un danseur entre en scène pour exécuter une danse. Le danseur est seulement vêtu d’un short court argenté et de souliers. Il écoute sa propre musique avec des écouteurs. Le hasard permet au public d’assister à la performance. Je souhaite détourner cette œuvre afin, d’une part, de rendre hommage à l’artiste, et, d’autre part, d’exposer un mécanisme positif de survie de la culture queer. La danse, la musique pop, la sexualité et les clubs sont des espaces souvent positifs et émancipatoires pour la communauté. Avec Jean-Benoit, je cherche à développer une chorégraphie intuitive à partir des mouvements de cette œuvre et du gogo-dance. Je ne reprendrai pas tous les codes de l’œuvre originale. »
Marc-Olivier Hamelin
Ce projet est réalisé grâce au soutien du Conseil des arts et lettres du Québec, de la Coalition d’aide à la diversité sexuelle en Abitibi-Témiscamingue et du Musée d’art de Rouyn-Noranda.
À propos de l’œuvre Untitled (Go-Go Dancing Platform, 1991) de Felix Gonzalez-Torres *La vidéo se trouve à la toute fin des images sur le site : https://www.felixgonzalez-torresfoundation.org/works/untitled-go-go-dancing-platform
Article d’Hyperallergic (en anglais) qui présente l’expérience de l’auteur lors de la performance : https://hyperallergic.com/389326/falling-in-love-with-a-felix-gonzalez-torres-go-go-dancer/