La Mathématique du Beau | Rétrospective Yves Boucher
Yves Boucher, Voyeur. Merisier gravé, teinture, semences, 120 cm de diamètre, 2022.
La Mathématique du Beau
Rétrospective Yves Boucher
Du 6 juin au 21 septembre 2025
Inauguration : 5 à 7, vendredi 6 juin. Bar : $. Halte-garderie : gratuit.
Présentation
L’œuvre élaborée par Yves Boucher (Ville-Marie, 1964) depuis plus de 30 ans s’est construite autour de théories relatives à la beauté. Récipiendaire du Prix Albert- Dumouchel au sortir du baccalauréat en arts visuels de l’UQAM (1994), il est invité la même année au Symposium international d’art contemporain de Baie-Saint-Paul. Il a enseigné le dessin à l’École nationale de théâtre avant d’occuper le poste de professeur d’art au Cégep de Sherbrooke.
Si la gravure a contribué à former son esthétique, c’est grâce à ses œuvres de 1% qu’il a confirmé son importance dans le paysage artistique québécois. Quatre grandes périodes composent la trame évolutive de sa Mathématique du Beau. De 1990 à 1994, Yves Boucher explore les différentes techniques d’estampe avec une grande virtuosité. De 1995 à 2000, son regard se porte sur les matrices de bois, qui deviennent des œuvres à part entière. À partir des années 2000, il remporte plus d’une trentaine de projets d’intégration de l’art à l’architecture. En 2016, il effectue un retour à l’atelier, tout en se consacrant à la fois à ses tâches d’enseignement et aux concours des 1%.
Ses œuvres font partie des collections du Musée des beaux-arts de Québec, de Loto- Québec, du Musée d’art de Baie-Saint-Paul, de la Banque d’œuvres du Conseil des Arts du Canada.
Première période : de 1990 à 1995
Thématiques : Le film animé et l’univers de Dante
Yves Boucher, Sous les marais du Styx, 1994, estampe : bois gravé, eau- forte et sérigraph
Le cinéma d’animation inspire l’oeuvre Recensement d’âmes, qui crée un effet cinétique à partir d’un jeu de variation entre les techniques de l’eau-forte et du bois gravé.
Yves Boucher, Fragments de corps célestes. Eau-forte, bois gravé, sérigraphie et chine collé, 10 x 12 pouces, 1992.
La première période (1990-1995) trouve son expression à travers le médium de l’estampe. Jeune apprenti, Boucher s’y avère un virtuose de la composition.
À la complexité des images et au grand nombre de passages sous presse, il ajoute des techniques d’estampe mixtes sur un même papier, créant par là-même des œuvres denses.
Le film d’animation et la Divine comédie de Dante fournissent les cadres référentiels et compositionnels de son œuvre.
Yves Boucher, Recensement d’âmes. Eau-forte et bois gravé, 18 x 24 pouces, 1991.
La complexité poétique et organisationnelle du long poème de Dante Alighieri (1265/67- 1321), La Divine comédie, instille chez Boucher une accentuation des techniques employées, et conduit à de multiples passages sous presse. Cette complexité se doit aussi d’être reproduite à chaque exemplaire à tirer de la même image, ce qui limite le nombre.
Deuxième période : de 1995 à 2010
Thématiques : La phytomathématique et la cosmogonie
La seconde période (1995-2000) se fonde sur la mise en application des théories du Beau qui ont façonné l’histoire de l’art depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours.
Le Nombre d’or, les Fractales, en passant par la Suite de Fibonacci et la phytomathématique, fournissent à l’artiste des motifs dont l’agencement initie des dialogues avec la matière environnante.
Durant cette période, l’estampe est délaissée au profit de la matrice, qui traduit à son tour la virtuosité de la taille.
Les œuvres, souvent construites en diptyque et triptyque, atteignent des hauteurs de deux mètres. Elles nous préparent aux œuvres surdimensionnées que seront les 1%.
Yves Boucher, Kepler, expansion du temps. Contreplaqué gravé et peint, 70 x 120 cm, 1998.
Dans l’exemple ci-dessus, on peut voir, sous les étoiles, la finesse des taillades qui créent le miroitement.
Dès lors, le travail se porte sur les images merveilleuses que portent à notre attention les cosmographes de la NASA.
L’imaginaire de Dante prépare le regard de Boucher, tandis que les époustouflantes photographies rapportées de l’Univers fournissent une nouvelle matière à transmuter.
Yves Boucher, Émergences. Merisier russe gravé, semences, laque, teinture, 225 cm x 115 cm, 2009.
Yves Boucher, Fronde / Osmonde. Merisier russe gravé et peint, 75 x 240 cm, 2002
La phytomathématique est présente dans ce diptyque à travers une spirale illustrant le repli sur soi, tandis que la dispersion est exprimée par un feuillage dont l’organisation répond aussi à une mathématique offrant un ordre séduisant.
Troisième période : de 2000 à 2022
Thématiques : La phytomathématique et la cosmogonie
La troisième période (2000 – 2022) est consacrée à la réalisation d’œuvres d’intégration à l’architecture. Le métal et le verre induisent de nouveaux rapports aux œuvres.
Ces œuvres sont fortement influencées par une fascination pour l’orchestration esthétique que l’on trouve à toute échelle dans le monde naturel, des neutrons aux planètes. Elles sont calibrées pour que la lumière en modifie constamment la lecture.
Yves Boucher, L’envol. Acier inox et aluminium peint, 700 cm x 200 cm. Projet d’intégration des arts à l’architecture. Centre d’épidémiosurveillance, St-Hyacinte.
Quatrième période : de 2016 à AUJOURD’HUI
Thématique : le tondo et l’œuvre érotiquE
Enfin, la quatrième période (2016 – aujourd’hui) exprime un désir du retour à l’œuvre d’atelier et au travail de l’artisan.
Elle s’exprime à ce jour par cinq grands tondi, des tableaux de forme ronde, dont la taille directe sur le bois est minutieuse.
Ces œuvres s’inspirent de l’organisation esthétique de la nature et de ses étonnantes stratégies de camouflage et de séduction.
En vue de l’exposition qui aura lieu en 2025 au Musée d’art de Rouyn-Noranda, Yves Boucher projette de créer des œuvres inspirées de la section du poème de Dante qu’il n’a encore jamais explorée : Le Paradis.
Yves Boucher, Sous les étoiles. Merisier russe gravé, teintures. 150 cm de diamètre, 2019.
CONCLUSION
« La démarche artistique de Yves Boucher au cours de ces trois décennies se révèle elle-même comme suivant un mouvement circulaire. L’inspiration des débuts, cette épopée cosmogonique et amoureuse de La Divine comédie, se manifeste maintenant à l’échelle humaine par une méditation sur l’éros et la génétique. »
René Gingras
