Siècle | Christian Leduc
Date
Photo de Dominic Leclerc
Inauguration : vendredi 25 mars à 20 h
DJ, danse et buffet de minuit
Siècle défile sous nos yeux en projection. Plus de 100 personnes se sont prêtées au jeu de constituer un recensement rouynorandien d’au moins une personne par année de naissance de 1918 à 2018.
De 0 à 100 ans, elles portent la trace de ce siècle dans les décors d’aujourd’hui.
Le photographe et sa ville | Jocelyne Saucier
Depuis toujours, il y a eu en cette ville un homme qui la regardait vivre derrière l’œil de son appareil photo. Depuis toujours, c’est bien peu dans le cas de Rouyn-Noranda, car la ville n’a même pas un siècle d’existence. Et pourtant dès 1925 dans la cohue du rush minier qui lui a donné naissance est arrivé un Britannique, Hubert Vavasour, qui a capté des images saisissantes de la vie chaotique et bouillonnante qu’il y avait alors. Puis est arrivé Joseph Hermann Bolduc, l’immense Bolduc qui a laissé derrière lui un fonds de plus de 25 000 photos. D’autres encore sont venus. François Ruph, Maurice Boudreau, Guy Prévost, Michel Fortin, pour n’en nommer que quelques-uns. Ces capteurs d’images nous ont légué un vaste album de famille dans lequel les Rouynorandiens peuvent se reconnaître au fil des ans. Un legs inestimable.
Christian Leduc est de la digne lignée de ces photographes qui ont arpenté nos rues, appareil photo en main, l’œil alerte, toujours à l’affût de l’humanité de cette ville.
Il est différent de ces prédécesseurs en ceci qu’il se lance dans des aventures poétiques dont le sens nous laisse parfois perplexes, inquiets et songeurs, mais qui ont toujours le mérite de nous engager dans une réflexion qui va au-delà de ce qui nous est offert. Il faut aussi avoir l’œil alerte pour suivre les aventures poétiques de Christian Leduc. Car s’il est rieur, espiègle et même folichon par moments, l’œil de l’artiste photographe, lui, est là bien avant nous et il cherche à débusquer une vérité qui se cache derrière la réalité.
C’est le cas de son Siècle. Les photos défilent, s’emmêlent, se compénètrent, se parlent entre elles, se passent le fil d’une histoire et s’évanouissent en boucle. Dans la multiplicité des visages qui se bousculent lentement sous nos yeux, nous voyons se dessiner le portrait vivant et intime d’une ville qui vieillit et rajeunit dans un même mouvement, qui se fait, se défait et se régénère dans la mémoire du temps.
Christian Leduc nous propose de plonger dans l’intériorité d’une ville à partir de ces brefs moments d’intimité entre lui, sa lentille et les personnes qui ont accepté de participer à l’aventure. Ces personnes ne posent pas devant l’éternité. Elles sont là avec leur vie par devant ou derrière elles et se laissent regarder en toute confiance par nous qui sommes de ce même album de famille.
BIOGRAPHIE
Christian Leduc Armé d’un appareil photo depuis l’âge de 10 ans, Christian Leduc est originaire de La Sarre, en Abitibi. Après des études en photographie au cégep du Vieux Montréal, il s’installe à Rouyn-Noranda en 2004 et y développe une pratique de photographie d’art singulière, empreinte de poésie, pour laquelle il a reçu plusieurs bourses du Conseil des arts et des lettres du Québec.
SIÈCLE : La publication
Siècle de Christian Leduc, 2022, 70 pages.
Avec textes de Louis Hamelin, Jean-Jacques Lachapelle, Virginia Pesemapeo Bordeleau et Jocelyne Saucier
Disponible dès le 25 mars 2022
40.00$
DE LA FRAGILITÉ | Jean-Jacques Lachapelle
L’exposition Siècle regroupe un choix restreint de quatre projets d’art photographique de Christian Leduc. Réalisés sur une période de 20 ans, les quatre projets se révèlent par un aspect en commun. Le grand nombre de clichés impose une mise en exposition singulière : projection aléatoire ou ordonnée des photographies et fresque vibrante de photographies imprimées.
Le projet Siècle fait apparaître par sa mise en exposition un trait constant dans l’œuvre de Leduc : la fragilité du monde. Cette fragilité peut être celle d’un instant, sans grande conséquence, mais qui force l’ouverture, la brèche, comme le fait Vu d’eau. Identité recense pas moins de 300 portraits différents. Pour mieux construire l’image centrale, le logiciel les multiplie. Le dédoublement du même sujet ajoute à la fragile identité de chacun. Le nombril du monde, s’il n’avait révélé que le nombril des sujets, aurait dit la grande variabilité qu’instaure la nature. Les mains, la ceinture, le chandail retroussé, la chemise ouverte, la cicatrice, le bijou, le geste franc ou timide sont comme des boucliers, plus ou moins habiles, à protéger la fragile intimité de l’être.
Le présent ouvrage mis en page par Christian lui-même réunit également des textes d’écrivains amis : Louis Hamelin, Jocelyne Saucier et Virginia Pesemapeo Bordeleau. À la demande du photographe, et sur visionnement des quatre œuvres, les écrivains se sont laissé inspirer par la vision singulière. Les trois ont une expérience vive de l’Abitibi-Témiscamingue. Leurs textes ajoutent poésie à la poésie qui se dégage des quatre œuvres.
À cet égard, la publication n’est pas le résumé de l’exposition, mais le prolongement. Elle permet d’inscrire dans une matière plus durable un segment, les portraits, de la proposition esthétique de Christian Leduc et d’explorer grâce aux écrivains ses résonnances dans un continuum témiscabitibien. Le fort ancrage local ouvre sur l’universel.
BIOGRAPHIE DES AUTEURS
Jocelyne Saucier
Romancière, Jocelyne Saucier est originaire du Nouveau-Brunswick et vit en Abitibi-Témiscamingue. On lui doit cinq romans, tous finalistes ou lauréats de prix littéraires importants, dont Il pleuvait des oiseaux traduit en dix-huit langues et adapté au cinéma par Louise Archambault.
Louis Hamelin
Louis Hamelin est l’auteur de dix œuvres de fiction, dont La rage, son premier roman, qui lui a valu le Prix du Gouverneur général du Canada en 1990. Chroniqueur au Devoir depuis 1999, il dirige également la collection « L’œil américain » aux Éditions du Boréal. Son dernier roman, Les crépuscules de la Yellowstone, est paru à l’été 2020.
Virginia Pesemapeo Bordeleau
Récipiendaire de la Médaille de l’Assemblée nationale du Québec pour l’ensemble de son œuvre en 2021, Virginia Pesemapeo Bordeleau est une artiste visuelle et une écrivaine. D’origine eeyou, née en Jamésie, au nord-ouest du Québec, elle développe son œuvre autour de la reconnaissance des Premières Nations.