Ourse bleue – Piciskanâw mask iskwew | La rétrospective – Virginia Pesemapeo Bordeleau
Date
INAUGURATION OFFICIELLE AU MA
VENDREDI 18 SEPTEMBRE 14H – 19H
Chargé de projet : Marc-Olivier Hamelin
L’exposition Ourse bleue – Piciskanâw mask iskwew consacrée à l’artiste eeyou Virginia Pesemapeo Bordeleau comprend une centaine d’œuvres et couvre les 40 années de carrière de cette artiste visuelle des Premières Nations. Une publication du même titre coéditée par les Éditions du Quartz et par le Musée d’art de Rouyn-Noranda (MA) réunit 50 reproductions d’œuvres accompagnées d’autant de poèmes inédits, l’artiste ayant également amorcé, au tournant des années 2000, une œuvre littéraire qui compte aujourd’hui plus de sept titres.
L’exposition
Ourse bleue – Piciskanâw mask iskwew trace le parcours artistique et personnel d’une artiste importante en Abitibi-Témiscamingue et au Canada, et la force considérable qu’elle a su déployer en s’imposant comme femme artiste eeyou dans le milieu culturel. Il est possible de mieux cerner la réalité autochtone telle qu’elle a été vécue au siècle dernier, période de grands bouleversements pour les premiers habitants du territoire. Ses œuvres offrent un regard inédit sur les cultures eeyou et anishnabe, dont l’originalité mérite d’être mieux connue du plus grand nombre.
Rencontre avec l’artiste
Accompagnons Virginia Pesemapeo Bordeleau dans une visite de l’exposition accompagnée d’une lecture de ses poèmes.
Virginia Pesemapeo Bordeleau – biographie
Née en Jamésie, au nord-ouest du Québec, plus précisément à Rapides-des-Cèdres près de Lebel-sur-Quévillon, Virginia Pesemapeo Bordeleau est la fille de Frances Pesemapeo et Rosaire Bordeleau. Frances Pesemapeo, dont le patronyme signifie « arc-en-ciel », est originaire de la communauté de Waswanipi, premier village eeyou au nord de l’Abitibi. Rosaire Bordeleau possède une grand-mère autochtone et a vécu une grande partie de sa vie parmi les Abitibiwinnis. Virginia connaît la vie nomade jusqu’à l’âge de 4 ans, moment où les enfants de la famille Bordeleau doivent se présenter à l’école. Ne connaissant que l’anishnabe et le cri, elle met plusieurs mois avant d’arriver à reconnaître des mots français.
Dès l’âge de 6 ans, elle reçoit des pastilles d’aquarelle de la part de son père, alerté par un rêve. Aînée de la famille, à cheval entre les cultures eeyou, anishnabe et québécoise, elle reçoit de sa mère les récits chamaniques et de son père la fluidité du passage d’une culture à l’autre. La vie métisse n’en demeure pas moins conflictuelle. Elle dira : « Blanche chez les Cris, Indienne chez les Blancs ». C’est à travers son œuvre picturale que depuis 40 ans elle explore, comme en témoigne l’exposition rétrospective, la profondeur de la culture autochtone.
C’est à la fin des années 70 qu’apparaissent les premières œuvres professionnelles. Ces œuvres fixent sur canevas les moments familiaux. La famille et ses lieux sont peints et se révèlent comme une marque de visibilisation de la vie métisse. Sur une toile, est inscrit le titre « Anishnabeg Iskwew », affirmation identitaire qui est éclairée par une précision figurative où sont nettement reconnaissables les membres de la famille et dont la figure centrale sera justement Frances, cette mère eeyou.
La quête du loup II, 1994, acrylique sur toile, 213 x 137 cm
La fin des années 80 est marquée par une transition : l’entourage disparaît pour laisser entrer l’animal, suivant une trajectoire formelle plus métaphorique. L’ourse, les loups, l’inukshuk, le grand quetzal sont griffés de symboles qui évoquent la culture ancienne et partagée des Premiers peuples des Amériques. Des voyages au Mexique et aux États-Unis alimentent cette compréhension d’une grande connexion pancontinentale des cultures autochtones. Des symboles communs et une vision partagée du monde renforcent la valorisation identitaire.
Au cours des années 2000, les couleurs priment et les sujets se délitent. L’artiste amorce un nouveau langage visuel où le mouvement – dans la composition – se mêle au rêve. Depuis plusieurs années, cette conscience onirique habite fortement l’artiste.
Le geste de la peintre est vigoureux sur le canevas et brouille les pistes, ouvrant la voie à une expressivité agissante et à l’exploration du territoire naturel, aussi bien que du territoire surnaturel. En effet, tandis que le mouvement est dominant, les titres renvoient aux objets qui sont les adjuvants d’une communication avec le grand Manitou, le Kitchi Manitou : sacs de médecine, oiseau-tonnerre, plume d’aigle, danseur.
Au cours de la même période s’amorce une œuvre littéraire, roman et poésie, qui constitue une affirmation identitaire encore plus nette et complexe, et une ouverture sur l’autre. Dans les dernières années, l’artiste concentre sa création sur le drame social des femmes autochtones disparues ou assassinées. En 2017, elle présente l’œuvre participative Poésie en marche pour Sindy à Val-d’Or, exposant la réalité de Sindy Ruperthouse, une femme anishnabe disparue en 2014. Paraît alors le recueil Poésie en marche pour Sindy. Récemment, Pesemapeo intègre la broderie et s’allie à des femmes de Premières Nations de Val-d’Or afin de broder des symboles spirituels. Ce travail minutieux et porté par la main féminine s’exprime comme un acte de visibilité afin de rappeler que des violences ont été exercées envers les femmes autochtones et le sont toujours.
L’exposition tente de retracer tout le parcours artistique et militant de Virginia Pesemapeo Bordeleau de la manière la plus complète, à travers une centaine d’œuvres, de la femme qui se souvient, petite fille, d’avoir été élevée avec des oursons, à celle qui accompagne ses sœurs dans l’affirmation d’une culture qui mérite sa place au Canada.
Crédits
Le MA remercie l’artiste, Virginia Pesemapeo Bordeleau, pour sa précieuse collaboration.
Conception et recherche
Marc-Olivier Hamelin
Supervision
Jean-Jacques Lachapelle
Graphisme
Simon Guibord, Marthe Julien
Graphisme et impression
Média-Pub
Aide à la recherche
Ariane Turmel-Chénard
Révision linguistique
Pier-Antoine Lacombe
Livrets aux publics
Gabrielle Leduc-Lebeuf
David Lemieux
Sabina Chauvin Bouchard
Communication
Barbara Beranek
Karyne Brassard
Montage
Brad Caldwell
Bérénice Vallet
Sabina Chauvin Bouchard
Gabrielle Lebeuf-Leduc
Bénévoles au montage
Daniel Sigouin
André Gagnon
Gérard Houle et Mireille Grenier
Samuelle Ramsay-Houle
Martine Cloutier
Jocelyne Blais
Alexis Ramsay-Houle
Renée Nolet
Jean-Jacques Lachapelle
Trame Architecture + Paysage
Fonds municipal d’art contemporain de la Ville de Rouyn-Noranda
Martine Sauvageau
Mélanie Provost
Madeleine Bourgeois
Gilles Shooner
Marianne Kugler
François Ruph
Sylvie Matte
Richard Blanchard
Marie Lachapelle
Benjamin Bordeleau
Frédéric Bordeleau
François Bordeleau-Paré
Rock Lamothe
Jean-Guy Côté
Micheline Audette
Fondation de l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue
Louis Gagnon
Cette exposition, accompagnée d’une publication, a été soutenue financièrement par le Conseil des arts du Canada, Hydro-Québec et la Ville de Rouyn-Noranda.